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samedi 20 février 2016

Pour Israël, le danger vient du nord



POUR ISRAËL LE DANGER VIENT DU NORD

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps

           
Des civils syriens fuient Alep

          Israël sait que l’accord humanitaire signé entre la Russie et les États-Unis sur la Syrie est insuffisant pour consolider la paix dans la région qui est devenu un baril de poudre dont les mèches sont tenues par différents belligérants ennemis. Le désordre en Syrie et le conflit turco-kurde qui s’envenime risquent de déborder jusqu’aux frontières israéliennes avec une implication de plus en plus évidente de Vladimir Poutine. Les Russes, qui ont choisi les méthodes brutales déjà expérimentées en Tchétchénie, frappent sur tout ce qui bouge en Syrie. Leur stratégie consiste à vider le pays de sa population civile quitte à être accusés de procéder à un massacre ethnique. La survie du régime de Bachar Al-Assad exige des méthodes radicales qui doivent servir d’exemples.



Frappes russes Syrie

            Mais l’aviation russe se rapproche dangereusement de la frontière israélienne, certes sans la violer, mais le risque subsiste car les frappes russes déclenchent un exode croissant des réfugiés syriens en direction du poste frontière de Quneitra au Golan. Par ailleurs les Israéliens, qui restent prudents dans l’utilisation de l’espace aérien syrien, n’ont aucun intérêt à s’immiscer dans les combats entre clans arabes. Leur préoccupation consiste à neutraliser ou limiter les transferts de matériel militaire au Hezbollah, pour ne pas qu’il parvienne jusqu’au Liban.

Frappes à Jabal Al-Mane

            Selon un observatoire syrien et la télévision Al-Arabiya, trois missiles israéliens auraient touché le 18 février la base de Jabal Al-Mane, au sud de Damas, occupée par le Hezbollah. Aucune des parties concernées n’a confirmé cette frappe. Benjamin Netanyahou a indirectement confirmé que les «actions épisodiques de Tsahal ont  pour but d’atténuer la menace de la Syrie transformée en un autre front contre Israël. Nous travaillons contre l'ouverture d'un front terroriste supplémentaire que l'Iran tente d'ouvrir sur le Golan, et afin de limiter le transfert d'armes mortelles de la Syrie au Liban». Il ne fait aucun doute que la coordination est parfaite entre les Russes et les Israéliens pour organiser la circulation militaire aérienne dans un ciel syrien encombré.
Dore Gold

            Pour éviter tout incident majeur, le numéro deux du ministère israélien des affaires étrangères, Doré Gold, en l’absence d’un ministre en titre car Netanyahou cumule cette fonction, s’est rendu à Moscou. Aucun officier général ne l’accompagnait car il semble que l’armée ne fasse pas les mêmes évaluations de la situation que les diplomates. Il s’agit de connaître les intentions des Russes qui bombardent Daraa à proximité du Golan, entraînant un afflux de rebelles qui viennent chercher refuge dans le no man’s land israélien du Golan ou en Jordanie. 
          Tsahal est convaincu que les Russes veulent détruire toutes les bases rebelles le long de frontière avec Israël ce qui ne laisse pas insensibles les Jordaniens et les Saoudiens qui pourraient faire intervenir leur aviation.  Une implication militaire saoudienne dans le conflit syrien, avec l’aide jordanienne, semble donc se préciser et Dore Gold a été justement mandaté à Moscou pour évaluer les intentions russes.

            Pour Israël le risque syrien est faible tandis que le Hezbollah semble plus que jamais déterminé à attaquer Israël depuis le nord du pays. L’armée se prépare à surmonter ce défi. Avec un arsenal comprenant des roquettes et des missiles, l’organisation terroriste peut frapper n’importe quelle partie d’Israël de manière très précise. Une confrontation avec le Hezbollah serait très complexe parce que les habitants du Liban sont utilisés comme boucliers humains et que les terroristes utilisent les habitations civiles comme points de stockage de l’armement. Par ailleurs il faut tenir compte des éventuels tunnels et du vaste réseau de chemins de mines destinés à piéger les soldats dans des embuscades.
Colonel David Zini

            C’est pourquoi Tsahal s’est restructuré au nord. Le 27 décembre 2015, une nouvelle «Brigade Commando», a été créée en regroupant les unités d’élite Douvdevan, Egoz, Maglan et Rimon qui appartiennent toutes au corps de l’Infanterie, mais qui dépendaient d’autres brigades ou bien étaient indépendantes. Cette brigade commando fait partie de la 98e Division d’Infanterie et a été placée sous le commandement du colonel David Zini. Selon le chef d’État-Major Gadi Eizenkot : «On n’a pas besoin d’avoir une grande intelligence stratégique pour comprendre que nous vivons une période sensible. Les vents dangereux soufflant du Liban, les menaces proférées par des chefs de l’État islamique en Syrie et en Irak, l’escalade en Judée et Samarie ainsi que les menaces de la frontière sud, exigent la capacité de cette nouvelle brigade».
            Une réorganisation s’opère au sein des troupes israéliennes au nord. La brigade Nahal se prépare à quitter la frontière après 18 mois de présence aux frontières du Liban et de la Syrie. Un calme trompeur règne pour l’instant alors que 600 miliciens de la brigade des martyrs de Yarmouk, qui ont  juré allégeance à Daesh, y sont stationnés et utilisent les éleveurs de bétail et les civils pour recueillir des informations sur les positions de Tsahal. Les Israéliens observent les combats qui déchirent le Front Al-Nosra et cette brigade Yarmouk mais ils se sentent concernés en raison de l'évacuation vers Israël des victimes syriennes, principalement des femmes et des enfants pour un traitement médical.  
Martyrs de Yarmouk


            Tsahal reste optimiste car la probabilité que le Hezbollah lance une guerre contre Israël en 2016 est très faible, parce que l'organisation est actuellement embourbée dans le conflit syrien. Les discours de Nasrallah ne sont qu’à usage interne. Mais par précaution, tous les scénarios sont envisagés, jusqu’à une attaque de missiles. L'armée israélienne a effectué un changement spectaculaire depuis la seconde guerre du Liban mais reste consciente du danger car le Hezbollah dispose actuellement de plus de 130.000 roquettes et missiles, et plus le temps passe, plus la précision de leurs armes s’améliore. 
          C’est pourquoi Israël agit en Syrie au moyen de frappes secrètes pour contrecarrer le transfert de missiles de précision. C’est pourquoi aussi, il négocie avec la Russie une liberté d’action aérienne pour agir non pas contre Bachar Al-Assad mais contre le Hezbollah et accessoirement contre Daesh.

2 commentaires:

Bernard Meyer a dit…

À vous lire je me demande dans quel état le peuple d'Israël sortira, voir si il en sort, lors de la prochaine confrontation. Il ne nous reste plus qu'à attendre la décision du Hezbollah de nous anéantir et prier qu'il s'en abstienne.
Au lieux de jouer la politique du pire, qui n'apporte rien de plus que ce que l'on connaît, merci dans un prochain article de nous parler de la force d'Israël à pouvoir résister voir anéantir nos ennemis.
Dans l'attente faisons confiance à notre Armée et à son commandement.
Bernard Meyer

Marianne ARNAUD a dit…

Monsieur Meyer, ne dirait-on pas que vous ignorez qu'il est tout à fait politiquement incorrect de vouloir "anéantir nos ennemis", surtout s'il se trouve que ces ennemis soient des M... Mais shut ! J'en ai déjà trop dit.

Cordialement.