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mercredi 23 décembre 2015

La justice israélienne passe toujours contre les terroristes



LA JUSTICE ISRAÉLIENNE PASSE TOUJOURS CONTRE LES TERRORISTES 

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

           


C’est une règle non écrite qui perdure depuis la nuit des temps et surtout depuis la création de l’État d’Israël qui a décidé de s’ériger en justicier des meurtres contre les civils juifs innocents et surtout contre les enfants. «Œil pour œil, dent pour dent» (Exode 21, 23-25). Chacun est puni en proportion du mal qu'il a fait. Mais les Israéliens n’utilisent pas ce principe par vengeance mais pour éradiquer, ou pour le moins freiner, les tentatives d’assassinats de civils désarmés.


Joseph Harmatz
            
          Il n’y avait rien de plus noble après la Shoah que de songer à se venger des assassins nazis, mais les Juifs n’avaient pas la culture du meurtre ni celle de la vengeance. Par ailleurs la Shoah avait pris des proportions telles que toute vengeance pouvait paraître insignifiante et sous-évaluée par rapport à l’horreur qui avait décimé six millions de morts. Mais au lendemain de la guerre, nombreux étaient ceux qui ne pouvaient pas oublier ni pardonner ; ils ne songeaient qu’à faire payer les nazis encore vivants. 
          Il n’y avait rien de comparable entre ces méthodes artisanales et la machine de destruction nazi mais le symbole y était. Ainsi Joseph Harmatz, jeune rescapé en 1943 du ghetto lituanien de Vilnius, qui ne vivait plus qu’avec l’obsession de faire payer les criminels, avait organisé un commando juif chargé de liquider des Allemands. En 1946, il avait participé, avec un groupe de partisans juifs «les Justiciers», à l'élimination de plus de 300 prisonniers allemands dans un camp, près de Nuremberg.
            Puis avec la sensation d’avoir vengé ceux qui étaient parti en fumée, il s’était installé en Israël, au nord de Tel-Aviv, où il avait occupé le poste de président mondial de l’ORT (Organisation internationale juive pour l'éducation), puis de conseiller à l'Unesco. Il n’était pas fier de ses actions et il ne s’en était jamais vanté ni auprès de ses amis ni auprès de sa famille qui ignorait qu’il avait été un ancien soldat de l’armée des ombres. Il avait décidé de rompre le silence en 1998.  
Membres du groupe Nakam

            Il est vrai qu’Israël n’a jamais accepté et n’accepte jamais qu’on divulgue ses actions clandestines qui pourraient être mal interprétées. L’opération Nakam (vengeance) avait été soutenue par les dirigeants sionistes du bout des lèvres car elle ternissait l’image des Juifs. David Ben Gourion, droit dans ses principes, n’avait pas voulu cautionner ses opérations : «Nous prendrons notre revanche, comme État, en demandant des réparations». D’ailleurs à la création de l’État d’Israël, il mit fin à ces opérations clandestines. Joseph Harmatz a ensuite reconnu qu’il avait été soulagé par la décision du premier ministre qui avait eu raison selon lui de «penser à l’avenir plutôt qu’au passé».
            Mais ces éliminations n’ont jamais pris fin au grand jour. Elles étaient alors conduites dans le secret total sous l’égide de l’État qui en donnait l’ordre, jamais par esprit de vengeance mais pour des raisons sécuritaires puisqu’il fallait éliminer les leaders du terrorisme. Mais parfois le gouvernement israélien se trouvait contraint de donner une publicité à ces actions pour qu’elles servent d’avertissements ou de leçons à ses ennemis. Ainsi le massacre des otages de Munich en 1972 imposait une réaction à la hauteur de l’événement.

            Golda Meir décida alors à l’automne 1972 de l'opération Colère de Dieu ou opération Baïonnette, effectuée par le service Action du Mossad visant à assassiner les auteurs directs ou indirects du massacre des athlètes. Les cibles visées par l'opération incluaient les membres du groupe palestinien Septembre noir qui furent responsables de la prise d'otage de Munich, ainsi que des membres de l'OLP accusés d'être impliqués dans l'opération. L'opération dura plus de vingt ans parce que tous les auteurs sans exception devaient payer. Durant ces années, les unités israéliennes chargées de cette mission exécutèrent à travers l'Europe une dizaine de Palestiniens et de ressortissants de pays arabes. Un assaut militaire additionnel, dirigé par Ehud Barak, fut mené au Liban par des commandos israéliens afin de tuer des cibles palestiniennes précises.
Imad Moughnié

            Un autre meurtre était resté sans commanditaire bien que les auteurs aient été parfaitement identifiés. Israël n’avait jamais revendiqué l’opération. Le Washington Post a révélé ce 31 janvier 2015 que l’ancien haut responsable de la branche militaire du Hezbollah, Imad Moughnié, avait été tué à Damas en 2008 dans une opération conjointe effectuée par la CIA et le Mossad. La bombe, spécialement conçue par l’agence américaine dans une de ses bases en Caroline du Nord et installée dans son véhicule par les experts israéliens, avait été actionnée depuis Tel Aviv. Le Hezbollah avait quant à lui accusé l’État hébreu d’en être le commanditaire. Ces révélations sont intervenus au lendemain de l’opération israélienne du 18 janvier 2015 ayant amené à la mort du fils d’Imad Moughnié, Jihad, et d’un général des Gardes révolutionnaires iraniens à proximité de la ville de Quneitra, dans le Golan syrien. Leur convoi avait été visé par les missiles d’un hélicoptère d’attaque.

Buenos Aires 1994

            Imad Moughnié figurait sur la liste des personnes les plus recherchées par les autorités américaines, en raison de sa participation supposée aux attentats ayant visé les forces américaines stationnées à Beyrouth en 1983. Il était accusé d’avoir été à l’origine de l’attentat qui avait détruit l’ambassade américaine de Beyrouth, tuant 63 personnes dont 8 officiers de la CIA, ainsi que de l’attentat visant les Marines stationnés à l’aéroport de Beyrouth, faisant plus de 242 morts. 
          Les autorités israéliennes l’accusaient de leur côté d’avoir commandité les attaques ayant visé la communauté juive de Buenos Aires en 92 et 94. L'attentat de 1994 à la voiture piégée, perpétré le 18 juillet 1994 dans la capitale argentine, avaient visé un bâtiment abritant plusieurs associations juives, dont l'Association mutuelle israélite argentine (AMIA) faisant 84 morts et 230 blessés. Israël n’avait jamais pardonné.
Samir Kantar

            Enfin dans la liste des terroristes, Samir Kantar s’était distingué par un meurtre lâche et odieux le 22 avril 1979. Avec trois autres terroristes du Front de libération de la Palestine, venant du Liban à bord de canots pneumatiques, ils avaient débarqué dans la nuit près de la ville de Nahariya. Ils avaient enlevé le père, Danny Haran, et sa petite fille de quatre ans Einat Haran. Lors d'un échange de tirs avec la police israélienne, Samir Kuntar avait exécuté le père sur la plage, d'une balle dans la tête, puis avait fracassé la tête de la petite fille sur les rochers de la plage à l'aide de la crosse de son fusil. Il avait été libéré lors d’un échange et se pavanait à l’occasion des défilés des troupes du Hezbollah.

            Les medias syriens ainsi que le Hezbollah ont confirmé ce 20 décembre que des missiles tirés par des avions de l'armée de l'air israélienne ont détruit un bâtiment dans le district de Jaramana à Damas et tué Samir Quntar, chef des réseaux de terroristes du Hezbollah dans le sud de la Syrie et au Golan. Issam Sha'alan, haut commandant de l'Organisation nationale de la résistance du Golan syrien a également été tué. Cette organisation avait été créée par les services de renseignement syriens pour prendre part à des opérations terroristes contre Israël. Kuntar était inféodé aux brigades iraniennes Al Qods, dirigées par le général Qassem Soleimani, commandant des forces iraniennes en Syrie, au Liban et en Irak.

            L’armée de l’air israélienne a vengé le crime perpétré plus de 36 ans auparavant pour démontrer qu’aucun crime contre les civils juifs ne restera impuni. Israël est patient et n’oublie jamais.

1 commentaire:

Georges KABI a dit…

La photo du groupe de partisans armes dans ton article, Jacques, est en fait la photo d'un groupe juif arrive a Vilnius le jour ou le lendemain de l'arrivee de l'Armee Rouge. Il s'agit dun groupe de partisans juifs ou on distingue aisement Abba Kovner, l'un des chefs de la resistance juive a Vilnius. Abba Kovner, arrive en Israel, devint ;e commissaire politique du Palmakh.